Fondée en 1972 sur les conseils de Man Ray par Marcel Fleiss, Fred Fisher et Philippe Klein, la Galerie des Quatre Mouvements présente des œuvres Dada, surréalistes, Pop et Hyperréalistes. Deux années plus tard, elle participe à sa première foire de Bâle. En 1981, Marcel Fleiss lance seul la Galerie 1900-2000, qui succède aux Quatre Mouvements en élargissant le champ artistique à d’autres avant gardes (Lettrisme, Fluxus..) et à quelques contemporains (Pol Bury, George Condo, Jean-Michel Basquiat ou encore la dernière exposition de Keith Haring avant sa mort).

Ajouté :

En 1991, Marcel Fleiss est rejoint par son fils David qui développe les liens avec les artistes contemporains pour réaliser des expositions et certains stands de la Galerie sur les foires d’art (Joseph Kosuth et Hiroshi Sugimoto à Art Basel, Sylvie Fleury ou Laurent Grasso à la galerie). Il développe également le département photographique.

En 2003, Aube Elléouët-Breton demande à Marcel et David Fleiss d’organiser la grande vente André Breton qui aura un retentissement international.

Toujours spécialisée dans les œuvres Dada, surréalistes et ses alentours (Man Ray, Marcel Duchamp, Francis Picabia, Hans Bellmer, Arthur Cravan…), la Galerie 1900-2000 multiplie les expositions d’artistes des années 60 et 70 (Ed Ruscha, Robert Whitman, Edda Renouf, Bill Copley, Al Hansen…)

Avec plus de 40 ans d’expérience dans la redécouverte et la découverte d’artistes modernes et contemporains, plus de deux cents expositions nationales et internationales ( aussi bien à la galerie que dans les foires : Art Basel, Frieze Masters, FIAC, Art Basel Miami Beach… ), et plus de cent catalogues publiés (avec des textes de Daniel Abadie, Gladys Fabre, David Bourdon, Robert Nickas, Pierre Restany, Billy Kluver et Julie Martin, Margit Rowell, Jeff Ryan, Timothy Baum, François Letaillieur, Christian Schlatter, Arnauld Pierre, Edouard Jaguer, Bernard Blistène, Alain Jouffroy et bien d’autres dont certains font aujourd’hui autorité), la Galerie 1900-2000 est devenue une référence à Paris et dans le monde entier.

1950 – 1972 Fourrures, jazz et surréalisme

Au début des années 50, Marcel Fleiss, appelé à prendre la succession de son père pelletier à Paris, est envoyé à New York pour apprendre le métier. Le jeune homme tombe amoureux du jazz et photographie les grands musiciens de l’époque. Ses photos et ses critiques sont publiées dans le magazine Jazz Hot. De retour en France, dans le quartier des pelletiers, Marcel Fleiss se rend en voisin à Drouot et découvre le monde des enchères. C’est ainsi qu’il devient ami avec Fred Fisher, qui l’initie à l’univers surréaliste. Dans une galerie à Vence, en 1969, Marcel Fleiss rencontre un vieil homme qui déplore que personne ne veut acheter ses dessins : Man Ray. Les deux hommes sympathisent. Au bout de quelques années, Man Ray finit par convaincre Marcel Fleiss d’ouvrir une galerie.

1972 – 1976 La Galerie des Quatre Mouvements

Avec Fred Fisher et Philippe Klein, Marcel Fleiss achète une ancienne teinturerie rue de l’Université : la Galerie des Quatre Mouvements (Dada, surréalisme, Pop Art et Hyperréalisme américain) est née. Man Ray fait, bien sûr, l’objet de la première exposition avec quarante rayographies et Marcel Fleiss reçoit Max Ernst, Salvador Dali ou encore Julien Levy. Pelletier le matin, galeriste l’après-midi, Marcel Fleiss rencontre son premier succès la même année grâce à l’accrochage sur les hyperréalistes américains, qui attirera des collectionneurs comme Daniel Hechter ou Daniel Filipacchi. En 1973, Salvador Dali rédige l’introduction du catalogue « Grands maîtres hypperréalistes américains » et réalise une gravure en relief. L’associé et ami Fred Fisher décède en 1976.

Principales expositions

« Man Ray, 40 rayographies » (25 février- 25 mars 1972)

« Hypperéalistes américains » (25 octobre-25 novembre 1972)

« Tom Wesselmann » (7 au 31 mars 1974)

1981 – 1990 Les débuts de la Galerie 1900-2000

Marcel Fleiss déborde le projet initial des Quatre Mouvements et lance seul la Galerie 1900-2000, 8, rue Bonaparte. Clin d’œil de l’histoire, les lieux étaient précédemment occupés par un fourreur. Deux annexes ouvriront rue de Penthièvre et la Galerie de Poche 3, rue Bonaparte.

En 1988, Isidore Isou, Maurice Lemaître et Jacques Spacagna participent à l’exposition lettriste. L’amitié de Marcel Fleiss avec certains artistes de la jeune scène new yorkaise débouche sur des échanges d’œuvres, Julian Schnabel fera même son portrait. Lors de l’exposition Happenings & Fluxus en 1989, Yoko Ono réalise une performance aux Beaux-Arts. Quelques mois plus tard, Marcel Fleiss lui organise une exposition personnelle, qui sera un grand succès médiatique, ainsi qu’un accrochage à la FIAC. Grâce à Yoko Ono, Marcel Fleiss rencontre Keith Haring. A la « Galerie de Poche », en janvier 1990, il fera sa dernière exposition.

Principales expositions

« Les enfants d’Alice. La peinture surréaliste en Angleterre 1930-1960 » (13 mai-30 juin 1982)

« La peinture surréaliste et imaginative en Tchécoslovaquie 1930-1960 » (7 mars-15 avril 1983)

« Francis Picabia. Arc en ciel » (6 avril-16 mai 1985)

« Salvador Dali. Douze dessins, 1936-1938. Onze dessins 1947-1948 » (28 septembre-8 octobre 1987)

« Le Demi-siècle lettriste » (11 avril-7 mai 1988)

« Man Ray. Peintures et dessins provenant de l’Atelier » (20 septembre-18 octobre 1988)

« Joseph Cornell » (13 mars-8 avril 1989)

« Happenings & Fluxus » (7 juin-29 juillet 1989)

« Yoko Ono » (7-15 octobre 1989)

« Keith Haring 1983 » (15-30 janvier 1990)

« Sol Lewitt. Papiers déchirés de 1975 » (5-29 mars 1990)

« Dora Maar. Œuvres anciennes » (10 juin-27 juillet 1990)

« Art conceptuel Formes conceptuelles » (8 octobre-3 novembre 1990)

1991 – 2007

En 1991, la rencontre de Marcel Fleiss avec Dora Maar donnera lieu à la première exposition de ses photographies. Cette même année il est rejoint par son fils David, spécialiste de Marcel Duchamp et de la photographie, qui développera le département au sein de la Galerie 1900-2000. David Fleiss renouvelle également les accrochages et multiplie les projets avec des artistes contemporains pour réaliser certaines expositions. En 2003, Aube Elléouët-Breton charge son ami Marcel Fleiss d’organiser la grande vente André Breton. En 2007, Roxana Azimi, Harry Bellet, Philippe Dagen, Antoine de Galbert et Emmanuel Guigon sont invités à présenter leur regard sur la Galerie 1900-2000.

Principales expositions

« Neon & Signs. Antonakos, Flavin, Hamilton, Finlay, Holzer, Jaar, Kosuth » (13 avril-1 er juin 1991)

« Roy Lichtenstein, œuvres des années 60 » (6 au 29 juin 1991)

« Julian Schnabel » (3 au 31 octobre 1991)

« Sol Lewitt, œuvres de 1961 à 1986 » (4 au 27 décembre 1991)

« Dora Maar, photos des années 30. » (5 au 28 décembre 1991)

« Arthur Cravan poète et boxeur » (7 avril-5 mai 1992)

« Clovis Trouille » (2 au 31 décembre 1993)

« Pierre Molinier » (29 octobre-28 novembre 1998)

« Arshile Gorky » (27 juin-26 juillet 2002)

« Pomerand, Brau et Spacagna » (4 mars-11 avril 2004)

« La part du jeu dans le surréalisme » (16 au 21 juin 2004)

« Hans Bellmer » (2 mars-8 avril 2006)

« Un regard sur la Galerie 1900-2000 » (15 mars 2007)

« Natalia Gontcharova » (20 septembre-27 octobre 2007)

2008 – 2014

Depuis 2008, David Fleiss propose la plupart des expositions de la Galerie, en collaboration avec Marcel Fleiss. S’ils se consacrent principalement aux œuvres surréalistes (tableaux, dessins et photographies), ils continuent de défendre l’art moderne du XXe siècle et celui du XXIe siècle.

Principales expositions

« Francis Picabia. Dessins pour Littérature » (10 janvier-16 février 2008)

« Ed Ruscha. Œuvres sur papier » (15 octobre-15 novembre 2008)

« Rarissimes » (15 décembre 2009-15 janvier 2010)

« Robert Whitman » (26 mai-23 juillet 2011)

« Underwood » (12 octobre-12 novembre 2011)

« Hans Bellmer. Photographies, dessins » (28 février-30 avril 2013)

« Purkinje effect », un projet de Laurent Grasso (22 juin-27 juillet 2013)

« Jean Dubuffet » (9 octobre-30 décembre 2013)

« Richard Prince. New Figures » (14 mai-26 juillet 2014)

2015 – 2022
« William Copley » (03 février 2015-1303 mars 2015)
« Trésors de la bibliothèque d’André Breton » (22 septembre-6 novembre 2016)
« Photographie conceptuelle japonaise des années 70 » (05 juin-28 juillet 2017)
«Olga + Picabia » (18 octobre-23 novembre 2022)
7 mars 2023 Fleiss-Vallois
Ouverture de la galerie 1900-2000 au 1018 Madison Avenue à New York

Expositions

Du 16/05/2024
au 28/07/2024
Lieu : New York, Galerie 1900-2000

 

L’idée de mettre en parallèles un ensemble de travaux de Jean Dubuffet et d’Allan McCollum m’a semblé saugrenue. Je ne voyais rien qui puisse établir quelque rapprochement, si ce n’était le dessein, cette fois encore, d’apprendre à nous garder des rapprochements. Il faut dire que les deux artistes n’ont à mon humble avis, pas grand-chose en commun. Pas plus leurs origines réciproques, pas davantage leurs cultures, sans doute pas les intentions, même si je me suis d’emblée escrimé à voir dans le goût de la dénonciation de « l’asphyxiante culture » de l’un, une possible analogie avec la dénonciation des conventions artistiques de l’autre. Bref, j’ai cherché et tordu le cou à mes préjugés. La belle exposition que voici en vaut bien la peine.

Deux générations séparent nos artistes. Au sortir de la guerre, l’un s’attaque farouchement à la culture dominante d’alors. Il fait table rase des savoirs enseignés et « se déconditionne ». Il cherche et recherche. Dès les années 1950, il maçonne la surface de ses tableaux et crée des reliefs accidentés. C’est la série des Sols et Terrains, celle aussi des Paysages mentaux.
L’autre étudie à la Technical School de Los Angeles et développe ses premières œuvres au début des années 1970, dans le contexte d’une Amérique gagnée à la production de masse. Son travail prend naissance dans la mouvance de l’esthétique sérielle et minimaliste mais « l’artiste new-yorkais agit aussi en parfait légataire de la critique institutionnelle, puisqu’il invente des dispositifs visant à soustraire l’œuvre à sa rareté programmée, et à questionner la convention de son unicité ». Deux chemins différents, deux parcours que rien n’autorise à vouloir rapprocher.

Mais l’œil a ses raisons qui vient ici semer le trouble. En deçà du visible, la conscience imageante prend le pas. Quelque chose de ce que j’appellerai, en me remémorant Oswald Spengler, une « pseudomorphose » et que contredit André Malraux en écrivant après Walter Benjamin que « Toute œuvre d’art survivante est amputée, et d’abord de son temps » m’engage à la prudence. Car la méthode à laquelle invite cette exposition est avant tout sensible et n’est pas naïvement comparative puisqu’au-delà des points communs que je veux détecter, elle répond d’abord à l’arbitraire de celui qui a imaginé ce projet. A quoi bon comparer dès lors qu’on admet les deux projets comme incomparables, si ce n’est cependant qu’il existe en tout œuvre une dimension si ténue soit-elle, qui vient au-delà de l’intention de l’auteur et qui n’appartient qu’à celui qui s’en fait le porteur ?

Car lorsque nous comparons – David Fleiss, vous, moi ou quiconque, nous inventons et acceptons que les œuvres en question nous y invitent. Dans le désir de comparer se cache indubitablement un exercice d’admiration. Bien-sûr, je vois déjà les grincheux. Qui y a-t-il de fondé à rapprocher les  « Topographies », « Texturologies », « Matériologies et autres « Aires et sites », fruits de « recherches de terrains » que Dubuffet réalise entre la fin des années 1950 et 1961 des Perpetual Photographs qu’Allan McCollum capture non sans facétie de l’écran télévisuel quelque quinze ans plus tard, si ce n’est de se laisser aller à reconnaitre dans le travail de l’un et de l’autre, sans doute des intentions semblables : le goût des expérimentations les plus rudimentaires comme les plus sophistiquées, le goût de l’érosion de la notion d’œuvre d’art dans son acception commune, l’un en triturant la pâte et l’autre en triturant l’écran : deux manières de faire face et d’en découdre avec les images. Voyez les
Glossies ou la série des Perpetual Photographs d’Allan Mc Collum présentées ici : l’agrandissement photographique d’œuvres d’art présentes dans l’arrière-plan des décors de télévision, de telle sorte que l’image perde toute lisibilité pour se noyer dans « une abstraction de pacotille ». Des deux artistes, je veux aussi souligner qu’à leur manière, l’un et l’autre ont le sens de l’humour et de la dérision.

Bernard Blistène, Perceptions : Jean Dubuffet et Allan McCollum, 2024